Traitement hormonal de la ménopause : doublement du risque de cancer du sein
05 février 2009
Selon de nouvelles données de l’étude américaine WHI – The Women’s Health Initiative-, le traitement hormonal de la ménopause (THM) par une association de progestérone et d’œstrogène double le risque de cancer du sein après 5 ans d’utilisation.
Cette information toutefois, doit être appréciée avec nuance : il s’agit d’une étude américaine, menée sur un échantillon très différent de la population féminine européenne, et le progestatif utilisé outre-Atlantique – la medroxyprogestérone – est très peu prescrit en France.
Le Pr Marcia Stefanick du Comité de pilotage de l’étude WHI, est cependant catégorique. « L’accumulation des preuves est suffisante pour certifier que (ce type de) THM provoque le cancer du sein. Après 5 ans de traitement, nous avons clairement démontré une augmentation du risque de cancer. » Et un an après l’arrêt du THM, le niveau de risque diminue de 28%.
Les précédentes données de la WHI étaient moins optimistes. A l’époque les auteurs soulignaient qu’au bout de deux ans et demi d’arrêt, le risque commençait à s’amenuiser. Quoi qu’il en soit, les autorités sanitaires américaines ont enregistré une baisse sensible du nombre de cancers du sein ces dernières années. Or après la publication de l’étude WHI en 2002, le nombre de prescriptions de THM est passé de 60 millions à 20 millions en 2005. « Ce qui démontre une fois encore le lien de cause à effet », souligne l’auteur.
Qu’en pensent les experts français ? Pour le Pr Roman Rouzier, gynécologue à l’hôpital Tenon (Paris), « cette étude confirme les données précédentes. En France aussi, nous avons observé une baisse du nombre de cas de cancers du sein depuis 2005. » Notre spécialiste insiste toutefois sur un point d’importance. « Il y a des différences entre les traitements prescrits aux Etats-Unis et en France. Ce ne sont pas les mêmes progestatifs. Il n’en demeure pas moins qu’il paraît aujourd’hui déraisonnable de prescrire un THM (pendant) plus de 5 ans. Il faut s’en tenir aux recommandations de l’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé (AFSSaPS). Elles posent des règles qui doivent être respectées. »
L’Agence souligne en effet que « le THM reste indiqué chez la femme ménopausée présentant des troubles fonctionnels liés à la ménopause. Il doit être prescrit à la dose minimale efficace, pour la durée la plus courte possible, dans le respect des précautions et des contre-indications ». Voilà qui est clair… « Le THM comporte des risques avérés, mais il présente aussi des avantages. Le choix doit être raisonné et nécessite une discussion entre la patiente et son médecin », conclut le Pr Roman Rouzier.
-
Source : The New England Journal of Medicine, 4 février 2009 - Interview Pr Roman Rouzier, gynécologue à l’hôpital Tenon (Paris), 5 février 2009